Notre antifascisme
Lutter contre l’extrême droite et ses idées avec Sud Éducation et Recherche 86
Le retour en puissance de l’extrême droite est une réalité française et mondiale. Elle s’accélère ces dernières années, dans les scrutins électoraux mais aussi dans l’espace public. L’une
des grandes victoires de l’extrême droite est, depuis 40 ans, d’avoir progressivement imposé son vocabulaire et ses concepts dans une grande partie des débats et partis politiques, jusqu’à avoir contaminé une partie de la gauche. De leur côté, les gouvernements libéraux au pouvoir mènent des politiques autoritaires qui se rapprochent toujours plus de ce qu’un gouvernement d’extrême droite affichée mettrait en œuvre.
En reprenant leurs idées et leur lexique (Blanquer et Vidal dans notre secteur), en soutenant des ministres accusés de viol et agressions, les gouvernements successifs de Macron ont légitimé les idées racistes, sexistes et violentes, et favorisé la percée de l’extrême droite.
La dernière campagne des élections présidentielles a montré comment l’extrême droite polarise plus que jamais les débats médiatiques (La chaîne Cnews de Boloré étant mise au servie de
la campagne Zemmour). Cette situation est une aubaine pour la bourgeoisie, rattrapée par les effets de sa violence économique et celle des gouvernements qui protègent ses intérêts. Elle cherche à sauver sa peau en se présentant comme la seule alternative à un régime fasciste qu’elle ne fait que légitimer par la politique autoritaire, antisociale, sexiste, xénophobe, discriminatoire de ses gouvernements libéraux. La fable de la fausse alternative vise à confisquer aux citoyen-ne‑s l’idée même qu’il puisse exister une possibilité de société démocratique, sociale et émancipatrice. Et c’est bien cet idéal de société et son existence ici et maintenant que nous devons défendre.
Mais l’extrême droite est aussi à l’origine de violences qui se multiplient, à commencer par les attentats (tueries de masse dans plusieurs pays), projets d’attentats terroristes en France, et
assassinats (meurtre de Federico Martin Aramburu tué par balles à Paris les 19 mars 2022) . Une partie des fascistes est armée et ne demande qu’à passer à l’action, en ciblant les minorités et les progressistes qu’ils haïssent.
Les élections successives de 2022 témoignent de la montée du vote pour l’extrême droite dans la Vienne, en particulier dans les territoires ruraux, où il vient concurrencer le traditionnel vote de droite.
Si Poitiers est moins touchée par ce phénomène électoral, un milieu royaliste et violent, polarisé autour de l’Action Française, s’est reformé cette année. Ce groupe fait de la propagande en ligne et sur les marchés, mais il a activement participé à la campagne Zemmour ainsi qu’à des agressions sur des étudiants et militants en centre-ville la nuit, ainsi qu’à l’Université (situation pour laquelle notre syndicat a rapidement interpellé la présidence de l’Université).
En réponse un collectif antifasciste est né : le CAPE (Collectif Antifasciste Poitiers et Environs), il est composé de plusieurs syndicats et organisations politiques, ainsi que de personnes
non affiliées à des organisations. Sud Éducation a été particulièrement impliqué dans sa création et dans son fonctionnement.
Depuis cet hiver plusieurs actions ont eu lieu comme :
- Plusieurs soirées d’affichage et stickage contre l’extrême droite en ville.
- Tractage en centre-ville auprès des personnes en terrasse le soir pour informer la population de la présence des groupuscules fascistes et de leur violence.
- Mise en place d’un atelier régulier d’initiation self-défense et boxe pieds-poings le vendredi soir (animé par 2 militants Solidaires86).
- Intervention pour mettre fin au tractage des royalistes le samedi matin (action non-violente menée par 25 personnes et réussie).
- Perturbation le tractage des militants Zemmour sur le marché (action réussie en partie, menée par 15 personnes, mais qui a donné lieu à une vidéo où les zemmouriens se victimisent et reprise dans la presse et les réseaux de la fachosphère).
- Plusieurs manifestations le samedi après midi.
Ces actions directes nous amènent à nous questionner sur les stratégies et valeurs que nous souhaitons porter à travers ce collectif de lutte antifasciste. Notre volonté de chasser les militants violents de l’espace public ne doit pas nous faire tomber dans le piège de la réponse violente, de la démonstration virile, validiste, ou à un fonctionnement antidémocratique.
Les modalités d’action que nous choisissons doivent être en cohérence avec la société que nous souhaitons construire. Nous ne devons pas tourner le dos à nos valeurs.
Face aux agressions violentes nous soutenons le droit à l’autodéfense. Mais répondre à la violence par une autre violence est le piège qui nous est tendu, et c’est s’abaisser à répondre par le langage des fascistes.
Les actions de type action directe doivent être clairement non-violentes, préparées et réussies grâce à notre capacité de mobilisation en nombre. Notre nombre est notre force de dissuasion, c’est notre meilleure réponse.
C’est pourquoi nous devons mobiliser davantage, à commencer par nos camarades de Solidaires 86.
Nous devons faire valoir nos valeurs féministes, antisexistes afin de ne pas tomber dans le piège de la violence, du validisme et d’un antifascisme viril.
Enfin, notre antifascisme doit s’exprimer au quotidien sur nos lieux de travail, sur nos panneaux syndicaux, face aux discours réactionnaires, qui font la promotion d’une école rétrograde,
ségrégative et excluante, et contre les velléités de casse du service public, laïc et gratuit d’éducation.
Notre antifascisme – texte issu du congrès 2022 (Version PDF)