Et encore une rentrée sous le signe de la précarité !

La reprise 2022 se fait une fois de plus dans des conditions dégradées et difficiles tant pour le personnel que pour les étudiant·e·s.

73 000 étudiant·e·s supplémentaires en 2021-2022, plus de 35 000 cette année, soit plus de 100 000 de plus en deux ans dans les établissements de l’ESR. Un boom prévisible qui va se coupler avec une vague de départs à la retraite de personnels, tout aussi prévisible. Pourtant, ce sont plus de 1000 postes d’EC qui ont été supprimés sous le 1er quinquennat Macron. Ces suppressions de postes enferment les non-titulaires dans une précarité sans fin, dont la LPR a généralisé le principe, cependant que le taux d’encadrement s’est effondré de 12 % entre 2008 et 2021, avec bien évidemment des disparités criantes entre CPGE et universités et des inégalités sociales et territoriales. Bref, un enseignement supérieur à deux vitesses se structure et s’enracine de plus en plus, entre des Licences délaissées et quelques Masters ou formations élitistes à plusieurs milliers d’euros qui concentrent la majorité des financements et des ressources.

 

Pour le personnel, ce n’est pas le maigre rattrapage de 3,5 %, du point d’indice - déjà largement absorbé par l’inflation avant même sa mise en place - qui va compenser les pertes induites par le gel du point d’indice. Avec l’inflation galopante, la revendication historique de l’échelle mobile des salaires (indexation des salaires sur l’inflation) reprend aujourd’hui toute son actualité. Quant aux vacataires, dont on a de plus en plus besoin face au manque de recrutements, la mensualisation de leur rémunération n'est toujours pas acquise, malgré les promesses de la LPR. A l'Université de Poitiers, on attend encore sa mise en oeuvre systématique dans toutes les composantes. Cela, combiné aux réformes de l'assurance chômage, décourage de plus en plus les jeunes chercheur·se·s à donner des charges d'enseignement, laissant des cours non pourvus.

 

À Poitiers, la rentrée se fait aussi avec la mise en place des pratiques pédagogiques diversifiées "PPD". Si leur "modèle économique" avait été transmis pour l'élaboration de la nouvelle offre de formation, il donnait peu à comprendre des modalités concrètes de leur rémunération et de leur prise en compte dans les services. Celles-ci constituent un cadeau de rentrée, avec l'établissement des fiches de service prévisionnel. Indubitablement, l'université de Poitiers est parvenue à faire des économies de salles dans un contexte de hausse des étudiant.e.s sans augmentation des locaux pour les accueillir. Avec l'imposition de 300h de PPD en Licence, elle est aussi parvenue à faire des économies substantielles sur la rémunération des agent·e·s, et à mettre en place, incognito, la modulation des services, réclamant, de fait, une augmentation des heures d'enseignement. Pour les étudiant·e·s, cela fait croire au maintien d'une Licence à 1500 heures de formation, en réduisant de manière importante les heures de formation en présentiel, accompagnées et encadrées par des enseignant·e·s.

 

Enfin, le message envoyé hier par la présidence sur la crise énergétique a de quoi nous alarmer. La décision de l'Université de Strasbourg de fermer l'université deux semaines supplémentaires, en imposant sur l'une d'elle du télétravail, traduit de manière dramatique la paupérisation des universités. La mission de service public de diffusion des savoirs assurée par les universités doit être défendues. Sinon, ne serons-nous bientôt même plus capables d'ouvrir nos locaux, faisant payer le poids de la crise aux étudiant.e.s et aux personnels?

 

Face à ces difficultés, mobilisons-nous !

- Grève et manifestation interprofessionnelle le 29 septembre, pour défendre nos salaires : Rendez-vous en Assemblée Générale intersyndicale au campus de l'UP, salle RDC 21 du bâtiment B24 (ancien bâtiment de physique) - couloir sud, puis et à 14h Porte de Paris

 

- Heure mensuelle d'information organisée par la section UP de Sud Education et Recherche 86 le 13 octobre 2022, de 11h30 à 12h30 : venez échanger avec nous autour de vos conditions de travail ! (le lieu à venir)